Dans cette interview on parle d’art, de la position d’autodidacte, pas évidente, et bien sûr, de poésie!
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Cette artiste nous parle de la place l’artiste, des écoles d’arts, et de ses réflexions sur son métier, si particulier! Petit correctif : son collectif s’appelle Curry vavart !
Vous pouvez voir son travail prochainement au MODULE B. Étape IV
vernissage le 30 mars de 14h à 20:00 performances/interventions dès 16:00 .
Du 1 er au 5 avril de 14:00 à 19:00
74 avenue denfert rochereau 75014 paris
Porte 2 cour Robin – galerie hon/books
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La première fois que j’ai demandé à Rarès-Victor ce que représentait la peinture pour lui, il m’a répondu : « la peinture est une blague qui dure ». Peintre émérite, cet artiste contemporain ne cherche pas à entrer dans une case. Il cherche son « truc ». Rarès-Victor s’implique d’ailleurs profondément sur son territoire pour partager son travail et celui de ses collègues. Anecdote, mais non des moindres, il danse la funk comme personne. Je vous présente notre entretien :
”L’art aujourd’hui est une opération sur le sensible !
Rares-VictorArtiste plasticien
– Quelle est la dernière expo ou découverte artistique que tu as trouvé inspirante ?
Dernièrement je me suis senti porté par le propos de l’exposition « Peindre la nuit ». Le commissaire était Jean-Marie Gallais au Centre Pompidou-Metz. Ses recherches et préoccupations m’ont passionné et suivi dans tous mes travaux en cours. Il y a un terrain commun, le sujet même ‘’de la nuit’’ : je le développe personnellement depuis plus de dix ans !
J’ai fait une autre découverte artistique, mais cette fois-ci sans l’avoir vue in situ. Mon coeur a été touché par l’œuvre « Pleureuse » de Serena Carone. Oeuvre qu’elle a exposée au Musée de la Chasse et de la Nature de Paris.
– Quel artiste as-tu le plus fait découvrir autour de toi ? pourquoi ?
C’est certainement Markus Raetz. J’aime cet artiste. Il a fait quelques travaux qui sont marquants pour notre siècle où au moins pour sa génération. Marquant car il travaille simplement, modestement et certainement sans honneurs. Mais de temps en temps ses recherches et observations donnent un ressort incroyable et innovant. Le travail du dessin est pour lui similaire à ‘‘tracer un trait chaque jour’’. Un peu pour comprendre, un peu pour rester dans la pensée artistique…
– Quels sont les artistes qui ont influencé ta manière de penser et de créer ?
L’artiste qui a influencé ma manière de penser il y a plus de 20 ans est l’artiste roumaine Stela LIE. C’est elle qui m’a montré comment réfléchir sans blocage, et tâtonner pour trouver des solutions sans automatisme ( mais avec liberté et détermination…). Puis elle m’a parlé de Markus Raetz comme la forme la plus innovante de l’art contemporain : dessin, sculpture, installation, présentation des oeuvres… Tout un programme !
Cette ouverture m’a amenée à une autre, qui m’est chère : celle de l’atelier de l’artiste !
L’atelier, c’est l’artiste, à mi-chemin entre l’art, l’imaginaire, la science, l’innovation. A mi-chemin car il est le laboratoire pour ressusciter le passé, les techniques perdues et les plans utopiques d’un nouveau projet, d’une nouvelle aventure intellectuelle et sensible.
L’art aujourd’hui est une opération sur le sensible !
– Quels sont les mauvais conseils que tu as reçus en école ou au début de ta carrière?
Les conseils que je hais profondément sont ceux qui « coupent les ailes« . Je déteste la mise en garde sans mise en garde réelle. Celles de type ‘’fais attention’’… Elles veulent dire qu’il faut être attentif à quelque chose mais sans en savoir plus. C’est très limité, et ça nous dit finalement de faire attention à l’attention.
Alors pas d’ « attention! » sans nom chez nous. Je choisis l’amour protecteur et un réel soutien désintéressé et amical. Ça oui, quand vous voulez !
– Quel conseil donnerais-tu à un étudiant qui veut lancer sa carrière artistique ?
Faire des choses simples et les amener vers des situations complexes. Après un trait simple, un deuxième donne la loi tout en changeant la loi du premier trait. A un moment, la nouvelle loi est si belle, cohérente qu’elle mérite bien son socle d’œuvre , non ?
C’est un moment de grâce. Ceux qui l’ont vécu ne veulent pas le perdre. Le plus important est de suivre votre intuition sans avoir peur de tout changer, de tout refaire simplement et sans hésitation. Allez naturellement vers le complexe !
– Que fais-tu quand tu es bloqué, que tu doutes de ton travail ?
Quand je suis bloqué c’est souvent parce que je ne vois pas la suite. Les projets ont l’air de ne pas donner de solutions fiables au présent. C’est le signe du blocage complet.
Première étape : je dors. Je dors et je dors jusqu’à l’épuisement total. C’est le temps du rattrapage de sommeil.
Après c’est la deuxième étape : je range !
Je range et je range et je range jusqu’au moment ou mes projets se hiérarchisent peu à peu. Je « vois » l’intérêt de mes travaux, de mes projets, leur structure cachée mais honnête, juste, belle, discrète.
Quand les premières images apparaissent : je note ! Je note tout : idée, projet, défis, envies, etc… Tout sur toute chose , je trie par catégories, par temps d’exécution.
Puis : je fais ! Je fais, je fais et je fais… Le travail est débloqué ! Mais pour faire il faudra y passer un bon long moment !
Quand je suis bloqué je me demande : ‘’suis-je heureux ?’’ et ‘’est-ce que je me lève avec envie ?’’. Et si la réponse est négative, vous voyez la suite : je dors, je range, je vois, je note et je fais…
– De quelle manière un échec t’a préparé à une réussite ultérieure?
Généralement j’associe avec l’échec deux « trop » : trop tôt ou trop tard ! C’est dans cet entre-deux que nos actions sortent positives ou négatives. Quand je perds je sais que c’est ainsi : trop tôt pour le public ou trop tôt pour moi… Si c’est trop tôt pour eux je dois attendre le bon moment tout en préparant le terrain… Si c’est trop tôt pour moi je dois me préparer et évaluer si cela vaut la peine. C’est là, le dilemme !
Sur certains projets où j’ai demandé de l’aide, lorsque celle-ci arrive, je n’en ai plus besoin.
Et en même temps, quand une aide serait réellement bénéfique, on monte un dossier, on se plie aux règles. Mais on peut être refusé. Cette situation perverse et limitée : fuyez !
Pour tout projet qui réussit il y a un ingrédient : l’évolution à la fois psychologique et intellectuelle. Et quand on est confronté à cette situation, (et à des petites cellules nerveuses négativement chargées), il faut avancer. Il faut prendre le temps sans se faire un procès de conscience. Soyez sans remords !
– Y a t’il quelque chose d’un peu fou dont tu es seul à être convaincu?
Je suis persuadé que chaque personne est une cellule nerveuse, soit une très grande soit une grande avec des milliers de très petites. Ça change la conscience de soi : de sa taille, de son impact réel sur le monde. Nos actes sont frappés par cette empreinte…
Cela m’intéresse énormément ! Cette image de soi et de l’autre me paraît si unique que j’ai envie de la surprendre… J’arrive parfois à me soustraire de ma propre conscience pour admirer l’autre. C’est pourquoi je suis convaincu que je dois réaliser une œuvre avec chaque personne que je connais bien. Il y a quelque chose de guérisseur et révélateur. Cette création avec l’autre échappe totalement à la mode, au IN et même au OUT. Ma priorité est alors d’être juste. Je sais que ça à l’air prétentieux mais cela ne change en rien ma préoccupation. J’ai réussi à en faire quelques-unes… A voir la suite.
J’aimerais tellement que le monde contemporain arrête de me harceler sur ses objectifs éphémères ! Qu’il m’’aide à faire, à partir de moi, l’image de l’autre…
– Quel a été ton premier geste artistique ?
Apprendre à tailler un crayon pour pouvoir dessiner quand je voulais…
– Aujourd’hui, quelle serait ta définition de l’art ?
LE TRUC-ISME. On voit des « trucs » et on fait des « trucs ». Ce terme m’appartient, je crois ! J’ai commencé à écrire sur ce sujet il y 20 ans. A chaque fois que j’en ai parlé aux autres ils m’ont demandé d’arrêter. C’est le signe qu’il touche la relation entre œuvre et créateurs, c’est le dénominateur commun !
En quoi le TRUC-ISME est-il dérangeant ? Est ce un nom de courant artistique qui devient idéologique ? Je pense que c’est la synthèse du monde contemporain. Il confond les rapports et ce qu’il faut rapporter. On confond le général avec le particulier, comme on confond l’humain avec l’humanisme.
Cela crée un art de l’éclatement en disant que c’est « l’éclatant ». C’est de la confusion confuse. Une seule onde positive dans tout cela : ça cultive le malentendu. Le malentendu est une forme créatrice de l’art contemporain actuel ! Il justifie la bêtise, et être bête au même niveau que l’intelligence, c’est être intelligent. Ça décape, non ?
-Si tu devais expliquer ton travail à des enfants de 4 ans, que dirais-tu ?
Quatre ans : quand tu te réveilles, tu aimes retrouver les choses comme tu les as laissées, sans changement. Tu n’aimes pas les changements… Tu veux retrouver tout ce que tu as reçu de tes parents, de tes frères ou tes soeurs… et de tes amis. Tu veux toucher toutes ces choses chaque jour, tu veux les avoir près de toi, comme un monde secret. Tu l’organises à l’infini, toujours différemment. C’est comme un travail, une tâche quotidienne à faire. Le temps pour faire et défaire ne te préoccupe pas. Et les grands se moquent de toi, de ta patience infinie, de tes soucis liés à ces objets. C’est que ce besoin leur échappe. Mais toi, tu sens leur importance, tu entends leur appel. Vois-tu, quand tu es grand comme moi, tes objets sont devenus plus rares et plus chers encore. Peu sont restés prés de toi, et tu leurs demandes encore tout cela…
Quarante ans hier : tu ne peux plus rigoler seul de toutes les choses qui te paraissent drôles. Tu ne peux plus serrer les êtres dans tes bras sans leur demander leur accord. Il y a plein d’interdits, qui n’arrêtent pas de s’imposer et qui finissent par s’installer. C’est plus une barrière qu’un besoin.
Mais par l’art, le dessin, la peinture, tu peux toujours dessiner ta maman, ton papa, tes objets chéris. Tes idées vont devenir des mondes. Puis des inventions, les tiennes. Tu vas les accrocher aux murs de ta maison de grand. Chaque matin, tu te rappelles toute la chance que tu as de savoir ce qu’il y a derrière : la liberté de continuer à faire surgir d’une feuille l’invention qui va sauver le monde ; dessiner le beau corps d’une fille que tu aimes… Tu as appris à aimer ça quand tu étais petit et, devenu grand, tu ne dois pas l’oublier. Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui tu dois continuer à dessiner pour notre monde ; trouver dans tes rêves les idées qui risquent d’être perdues à jamais. Mais qui, grâce à l’art, peuvent être plus que réelles !
Un enfant peut comprendre si bien qu’il n’y a rien de mal où honteux à dessiner un nu. C’est justement normal. Toute représentation n’est qu’un instant de monde possible. Cet arrêt net n’est possible que par l’art. C’est un arrêt innocent, un arrêt nécessaire car il construit le présent. Donc le futur !
– Y a t’il une question que tu aurais aimé que je te pose ? Peux-tu y répondre ?
La question que j’aurais aimé que tu me poses : Tu t’aimes ? C’est important de s’aimer comme personne et artiste ?
Réponse : OUI 😉
Rarès-Victor
Rarès-Victor expose son « trésor » au pôle bijoux de baccarat. C’est un lieu d’expérimentations qui vaut le coup d’oeil. L’exposition « L’amour des voyages » est visible jusqu’au 23 Juin 2019.
Si vous passez par là, allez y faire un tour,vous ne serez pas déçus.
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Voici Cécile Meynier. C’ est la première artiste à avoir exposé dans la Caravane de Pigeons & hirondelles du 8 décembre 2018 au 16 février 2019. Son travail s’inscrit dans le paysage et offre de dialoguer avec le lieu dans lequel il intervient. Lors d’une résidence d’artiste financée par Canal Satellite / Art contemporain, l’artiste à crée une installation en rapport avec le territoire de Migennes. Cécile a accepté de répondre à quelques questions, au lendemain du finissage de son exposition « Bellevue » dans les ateliers de Canal Satellite / Art contemporain ainsi que dans la Caravane…
Crédits photographiques : ©NicolasWaltefaugle
”L’art est ce qui doit nous faire décrocher du réel imposé par la société.
Cécile MeynierArtiste sculpteure
– Quelle est la dernière expo ou découverte artistique que tu as trouvé inspirante?
Et bien je vais donner deux noms pour deux découvertes ce mois-ci, l’une physique au CRAC le 19 à Montbéliard d’Isa Melsheimer. Artiste femme sculpteure (née en 1970 je crois) qui associe béton, céramique, végétaux et vidéo pour donner lieu à des installations empruntes à la fois d’austérité, de minimalisme et d’étrangeté. L’autre, virtuelle, de Cédric Esturillo (né en 1988) jeune lyonnais qui pratique également la sculpture et l’installation de manière éclatante et complètement éclectique …
– Quel artiste as-tu le plus fait découvrir autours de toi ? pourquoi ?
Je n’aime pas trop me cantonner à un artiste ou à une référence précise mais plutôt à des mouvements, des périodes, en tout cas à des esthétiques qui me parlent… Je tiens à avoir une vision hyper globale de l’art et donc de la création. Les premiers gestes des hommes préhistoriques me touchent autant que ceux de mes pairs.
Et puis je n’enseigne pas (ou plus pour le moment en tout cas), n’écris pas, du coup je n’ai pas forcément l’occasion d’être dans cette position de transmission…
– Quels sont les artistes qui ont influencé ta manière de penser et de créer?
Comme dit précédemment je ne suis ni dans la référence ni dans la citation dans mon travail même si celui-ci joue avec beaucoup de codes esthétiques appartenant à des grandes périodes ou familles telles que le baroque, le minimalisme, l’architecture, le paysage mais que je vais imbriquer et croiser… Je mime, je singe quelques genres que je vais remixer ensuite. Cet acte est très ironique sur le regard que je porte sur l’histoire de l’art mais pas que. Cela me questionne beaucoup, lorsque je suis à l’atelier, cette notion d’appartenance à un groupe, à une famille esthétique, sociale, au genre, à un peuple… J’ai vraiment envie d’une vision globale, d’être souple dans la pensée dans un souci de liberté totale, et c’est là que c’est très difficile, car évidemment, on ne peut renier quelques influences ou aspirations, même si, je pense clairement que l’on doit se soustraire à cet héroïsation de nos pères cette fois-ci! (À lire à ce sujet un article d’Hubert Besacier paru dans la revue Hors d’œuvre n°42 de cette saison intitulé « Petit couplet positiviste »).
– Quels sont les mauvais conseils que tu as reçus en école ou au début de ta carrière?
Drôle de question que celle-ci ! On m’a clairement conseillé de partir de Besançon, d’aller dans des grandes villes. Je n’ai pas suivi ce conseil, je ne sais pas s’il est bon ou mauvais. Au fond de moi je sais que j’ai choisi de rester peut-être par facilité au début mais dans le temps ça s’avère être davantage de la résistance. J’ai fait le choix des sentiers crottés plutôt que de l’autoroute et de ne pas déserter !
– Quel conseil donnerais-tu a un étudiant qui veux lancer sa carrière artistique?
De bouger de Bourgogne Franche-Comté ahah!!! Non je lui conseillerais de ne rien lâcher et d’être endurant, vaille que vaille car l’excitation de la création, le bonheur que cela procure, en valent la peine mais aussi et surtout car la société a besoin d’art et d’artistes même si nous sommes parfois malmenés par celle-ci.
– Que fais-tu quand tu es bloquée, que tu doute de ton travail (ou bien, quelles questions te poses-tu?)?
Oui bien sûr il m’arrive d’avoir du mal à mettre la machine en route, avec cette pénible sensation de pinailler, de tourner autour du pot… Je pense clairement que cela fait partie du travail et de la création, ces périodes de jachères sont importantes, comme en agriculture. Pendant ce temps l’esprit navigue, cherche, et est sans doute beaucoup plus disponible et ouvert qu’en pleine action.
– De quelle manière un échec (ou prétendu échec) t’a préparé à une réussite ultérieure?
Je n’ai pas vraiment l’impression d’avoir été réellement confrontée à un échec mais à des contraintes certes.
Ma position est de prendre la contrainte comme un atout potentiel, un moyen de sortir de son confort et d’accéder à un système auquel nous n’aurions pas pensé. Mes premières installations étaient intitulées « Dérapage n°x », c’était une première phase de travail où je m’interrogeais sur des questions fondamentales de l’art, le dérapage était une sorte de réponse à cela : provoquer du déraillement, sortir du système imposé par la société, proposer une autre réalité… À l’époque j’aimais bien Paul Virilio et sa théorie de l’accident où seuls les artistes pouvaient s’en emparer de manière constructive (voir l’expo « Ce qui arrive », 2002 Fondation Cartier).
Aujourd’hui je n’aborde plus aussi explicitement cette notion d’accident et de dérapage mais cela ne change en rien au fait que la vie soit bourrée de contraintes et la création davantage, aussi, pour éviter de courir à l’échec il faut savoir les déjouer et s’en emparer pour accéder à quelque chose de nouveau, teinté d’inattendu et qui a la faculté de s’adapter (la souplesse dont je parlais plus haut)…
– As-tu une curieuse habitude ou une chose inhabituelle que tu adore (ou bien y a t’il quelque chose d’un peu fou dont tu es seule à être convaincue)?
Que tremper du Comté dans du Nutella est un délice (sauf que je m’interdis d’acheter ce dernier maintenant…).
– Aujourd’hui, quelle serait ta définition de l’art?
L’art est ce qui doit nous faire décrocher du réel imposé par la société, ce qui doit nous faire sortir des rails et accéder au dérapage !!!
– Si tu devais expliquer ton travail a des enfants de 4 ans, que dirais-tu?
Je leur dirais que tout ce qui nous entoure peut devenir une sculpture ou une œuvre. Qu’il faut apprendre à bien regarder notre environnement et que l’on peut créer de drôles de tableaux tout le temps et partout. Faire des petites installations ou de micro paysages en faisant se rencontrer un jouet avec un stylo un caillou et une fleur par exemple… Tout ce qu’ils savent très bien faire en somme sans forcément chercher de sens ou d’explication et surtout qu’ils ne doivent pas oublier en grandissant !
– Y a t’il une question que tu aurais aimé que je te pose? Peux-tu y répondre?
On m’a posé une fois cette question qui m’a permis de faire un peu d’introspection et qui m’a éclairé dans mes choix : Quel est ton premier geste artistique?
Après avoir fouillé dans ma mémoire je me suis souvenu trois actes : celui d’avoir fait un grand dessin avec du charbon sur la façade du garage Renault qui donnait sur la cour de mon immeuble, de même avec du jus de cerises noires sur la façade jaune pâle de l’immeuble et d’avoir gravé aux ciseaux une vieille farinière chez mes parents (meuble rustique) pour révéler le hibou que je voyais à travers les veines du bois. Évidemment, aucune de ses actions n’a reçu d’encouragements, au contraire… mais je suis clairement convaincue qu’à ce moment déjà je ne pouvais me contenter de ce qui était et que j’avais besoin d’agir sur mon environnement.
Cécile Meynier
L’atelier de Cécile se trouve à Besançon. C’est un lieu d’exposition et d’expérimentations.
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Ségolène Thuillart est une femme dont le travail peut prendre plusieurs formes. Elle peut être crieuse dans le 18 ème,un projet qu’elle à mis en place avec le collectif Curry Vavart. Elle peut être performeuse, poétesse et publier des livres d’artistes. Son terrain de jeu est dans le langage et tout les trous qu’il crée, tous les échanges aussi. Elle présente son édition nommée « 464 jours calendaires » le 1er février 2019 à la galerie Metaxu à Toulon.
”J'ai choisi d'être artiste par élimination.
Ségolène ThuillartArtiste performeuse
Ségolène Thuillart est devenue artiste par élimination. C’est en choisissant son avenir professionnel, qu’elle a décoché les cases de la fiche d’orientation professionnelle :
-Commercial, -scientifique, -littéraire, etc.
Quand elle entre en école d’art, elle cherche sa voie et affirme que ce qu’elle y a trouvé c’est l’ouverture d’esprit, bien sûr, mais la fermeture aussi. Et cette fermeture a continué à fermer des portes inutilement ouvertes, à la définir en creux. Ses expérimentations évoluent quelque part entre la performance, la poésie et le langage.
Dans une vidéo de sa chaine Youtube, on la voit chanter « joyeux anniversaire » au ministère français de la culture pour ses 60 ans. Cette vidéo m’a fait sourire et je me suis demandé si c’était cynique, ironique ou tendre.
C’est que son travail saute d’une case à l’autre ; coche et décoche. Finalement on est toujours, en tant qu’artiste, dans l’entre deux. De la même manière que le sens singulier est toujours entre deux lettres.
Ségolène Thuillart est une artiste qui jongle avec les mots et leurs significations. Sa démarche artistique est un kaléidoscope qui diffracte le langage en diverses formes. Elle est tantôt la crieuse de Paris, tantôt performeuse ou s’adonne à la poésie sonore théâtralisée.
Son travail évolue comme un dictionnaire plastique qui est en perpétuelle expansion. Un peu comme lorsqu’on cherche la définition d’un mot, puis d’autre mot dans cette définition, puis un autre, puis un autre. Ou bien comme un enfant qui demande : « Et pourquoi? » après chaque réponse que vous lui apportez. Jusqu’a ce que quelqu’un lui réponde : « Eh bien parce que c’est comme ça ! ». Pas très Montessori comme réflexion, mais diablement efficace.
Ségolène a accepté de répondre à quelques questions pour Pigeons & hirondelles.
– Quelle est la dernière expo ou découverte artistique que tu as trouvé inspirante?
J’ai apprécié la performance et l’installation de Oliver BEER à la galerie Thaddaeus Ropac (exposition en cours dans la galerie du Marais).
– Quel artiste as-tu le plus fait découvrir autours de toi? pourquoi?
Guy de Cointet. Car il a réussi à faire une « oeuvre d’art totale » en créant ses performances/pièces de théâtre.
– Quels sont les artistes qui ont influencé ta manière de penser et de créer?
Guy de Cointet, Gherasim Luca, Bernard Heidsieck, Michelle Métail et Anne-James Chaton.
Je me rend compte qu’il y a beaucoup de poètes dans cette liste. Moi je me situe un peu ailleurs…
– Quels sont les mauvais conseils que tu as reçus en école ou au début de ta carrière?
L’art c’est comme la Star Académie : « t’en veux ou t’en veux pas ! Alors t ‘en veux????? »
Phrase étrange prononcée par un Galeriste quand j’étais encore étudiante aux Beaux-arts.
– Quel conseil donnerais-tu a un étudiant qui veut lancer sa carrière artistique?
Je lui dirais de ne pas chercher pas à lancer sa carrière, mais d’arriver d’abord à rattraper ses idées au vol.
– Que fais-tu quand tu es bloquée, que tu doutes de ton travail ?
Je sors de chez moi et je me balade. La réponse est dans la confrontation au réel, dans un regard, dans la phrase de mon voisin dans la métro, dans une file d’attente.
– Y a t’il quelque chose d’un peu fou dont tu es seule à être convaincue?
Que le ciel, la page et le sol sont les parties d’un même élément qui aurait une forme de sablier : ils sont tous les trois des espaces de projections liés les uns aux autres.
– Aujourd’hui, quelle serait ta définition de l’art?
« L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art. » C’est une phrase de Robert Filliou.
– Si tu devais expliquer ton travail à des enfants de 4 ans, que dirais-tu?
Je suis un archéologue de la phrase, un détective du souffle, un poète de la mécanique humaine.
Ségolène présentera son édition lors de l’évènement PRJNT °2 à la galerie Métaxu. Entre le 1er et le 2 Février 2019, cette galerie organise un atelier, un espace temps où l’on fabrique des fanzines et des petites éditions.
Pendant deux Jours, Metaxu se transforme, en un lieu de travail ouvert à tous les artistes, graphistes et aux étudiants de l’ESADTPM, un lieu où chacun revisite l’envie d’imprimer, faire la page, agrafer, coller, assembler, collaborer, discuter des formes… 😀
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Crédits photographiques:
Portrait de Ségolène Thuillart :créditphoto Céline Nebor
Performances : créditphoto Alexandre Minard
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Voici Louise Pressager. Ce qui me plaît dans le travail de Louise, c’est qu’il évolue loin de la morale. Son oeuvre pose un regard doux et ironique sur les travers humains. Elle combat la fatalité par petites touches, ( parfois) discrètes et quotidiennes. Cette artiste a exposé lors de notre première exposition collective en 2013… Autant vous dire qu’on a le nez fin chez Pigeons & hirondelles! Louise a accepté de répondre à quelques questions, à la veille de son vernissage dans la galerie de Laure Roynette…
”Je ne déparerais pas dans le "Dîner de cons".
Louise PressagerArtiste plasticienne
Jean de Brunhoff, sans aucun doute, et son célèbre Babar ! J’offre les premiers albums, ceux des années 30, à chaque enfant qui nait dans mon entourage. Un bon prétexte pour les faire découvrir à leurs parents… Je suis totalement fascinée par Célesteville, cette cité utopique aux confins du communisme.
Je n’ai pas suivi d’études d’art. Je me suis formée sur le tas, un gros tas très hétéroclite composé d’études de droit et de sciences politiques, de la monomanie plastico-artistique parentale (mes deux parents enseignent l’art), et de boulots alimentaires ennuyeux et frustrants mais propices à la rêverie… Je suis mal placée pour juger de s’il s’agissait d’un bon ou d’un mauvais conseil, mais lorsque j’avais vingt ans, l’un de mes professeurs à sciences po, à qui je disais mon regret de ne pas être artiste, a décrété qu’il était bien trop tard pour se lancer dans une telle carrière. Il m’a suggéré de rédiger une thèse de sociologie. Le hasard m’a empêchée de suivre son avis, mais je dois bien reconnaître que les sciences sociales alimentent ma réflexion artistique.
Pour éviter l’angoisse de la page blanche, le meilleur moyen pour moi est d’attendre que les idées tombent avant de me mettre devant une feuille de papier, et de ne surtout jamais espérer qu’un dessin surgisse du blanc comme par miracle. Quand je suis bloquée et que je doute de mon travail, j’arrête de travailler, tout simplement, et je me consacre à des activités extra-artistiques. D’où l’importance pour moi de toujours conserver une forme de vie parallèle, avec un travail dans un autre domaine. En ce moment par exemple, je travaille trois jours par semaine dans un hôpital psychiatrique. Pour moi l’inspiration est à trouver hors de l’atelier.
Je collectionne les moutons. Mes proches se moquent un peu mais se sont pris au jeu, si bien que je possède d’innombrables figurines exilées des crèches de Noël ou des boîtes de Playmobil pour venir se rassembler chez moi en un énorme troupeau. Je remplis également d’énormes classeurs d’articles et d’images sur ce thème. Avec cette passion ovine, je ne déparerais pas dans le « Dîner de cons ».
Pour moi, l’art est à la fois la chose la plus futile et la plus importante dans une vie humaine. C’est comme la minuscule cerise confite au sommet d’une immense pièce montée : elle ne sert quasiment à rien, et pourtant, d’une certaine manière, tous les choux à la crème qui se trouvent en-dessous d’elle n’existent que pour la soutenir.
Je leur dirais que j’essaye de toutes mes forces de produire des images aussi belles et intéressantes que les leurs, mais que je n’y arrive pas et que de toute évidence je n’y arriverai jamais. Je leur dirais de continuer toute leur vie à dessiner le soleil en haut de leurs dessins, de ne pas apprendre la perspective et le dessin des ombres… Je leur dirais, comme je le fais avec les enfants de ma famille, que mes dessins sont à eux s’il veulent les colorier, les gribouiller, les rajeunir. Je leur dirais surtout que rien de tout ça n’est sérieux.
Oui, il y a une question que j’aurais aimé que tu me poses, et j’y réponds non.
L’exposition personnelle de Louise Pressager est visible jusqu’au 23 Février dans la superbe galerie de Laure Roynette. 😀
N’hésitez pas à y jeter un coup d’oeil, elle vaut le détour. Et, si vous souhaitez recevoir notre newsletter, pour faire de belles découvertes artistiques, n’hésitez pas non plus!! on se retrouve de l’autre côté! 🙃
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